Joffrey Méteyer

Psychologue clinicien et psychothérapeute

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Addiction aux smartphones ?

Publiée le lundi 20 mai

Réponse à une question posée sur le site Quora.

Quels sont les signes indiquant une addiction aux smartphones ?

La question d’une éventuelle “addiction” à ce que j’appellerai “le monde numérique” (réseaux sociaux, smartphones, jeux-vidéos, …) fait actuellement débat au sein des professions “psy”. Pour ma part, je ne parlerai pas d’addiction à ce propos, je vais tacher d’expliquer pourquoi.

D’une façon générale, les signes d’une addiction sont :

  • Une surconsommation du produit (supérieur aux recommandations d’ordonnance ou de l’OMS par exemple)
  • L’abandon d’activités sociales essentielles (hygiène ; nutrition ; travail / école ; …)
  • Incapacité à arrêter la prise / consommation du produit malgré le désir d’arrêter
  • La présence de symptômes de sevrage en cas d’arrêt / pause prolongée. C’est-à-dire des causes / conséquences physiologiques et/ou neurologique à l’addiction
  • Le DSM V (ouvrage de référence en psychiatrie) propose bien d’autres signes encore. Je vous laisse les consulter en détails en bas de page[1].

Si je ne considère pas la surconsommation de contenus numériques comme une addiction c’est bien parce qu’il n’y a ni sevrage (donc pas de modifications physiologiques), ni désir chez la personne d’arrêter. Il n’y a pas non plus de mise en danger (consciente) de la part de ces personnes.

Là où le toxicomane sera prêt à commettre des délits ou des crimes pour se procurer du produit (ou l’argent pour), l’Otaku (mode de vie détaillé ici : Otaku — Wikipédia) prendra le temps de travailler pour garder son mode de vie. C’est-à-dire qu’il est prêt / capable de se passer de son “monde” alternatif (numérique) plusieurs heures par jour. Il n’y a donc pas addiction.

Tout comme il existe des sportifs qui ont une pratique excessive et parfois dangereuse, il y a des “surconsommateurs” de numérique.

Dès lors, pourquoi y-a-t-il un tel débat autour de tout ça ? Pourquoi certains passent le plus clair de leur temps un téléphone à la main / devant un écran ?

Et bien, qui peut nier l’attrait que peuvent avoir ces réalités virtuelles ? Certains y trouvent un refuge, un endroit où ils peuvent évoluer différemment et/ou être quelqu’un d’autre.

Un timide extrême dans la vie de tous les jours peut être le leader de sa guilde dans un MMORPG ; une personne dépressive peut donner l’impression d’avoir une vie parfaite / enviable sur les réseaux ; etc. Chacun peut se rapprocher de ce qu’il aimerait être dans ces mondes virtuels, de cette entité que la psychanalyse a appelé “l’image idéale du Moi”.

De plus, en ce qui concerne plus spécifiquement le smartphone, il y a quelque chose de rassurant dans le fait de toujours avoir cet appareil à portée de main. Lacan disait qu’avoir un téléphone portable c’est avoir l’autre dans sa poche. Plus besoin d’être en face de quelqu’un pour discuter avec. Quoi qu’il nous arrive, avec un smartphone, on peut instantanément mettre au courant nos proches.

Si l’on réfléchit bien, cet objet donne un pouvoir immense à des êtres humains pourtant si limité. Nous sommes seuls et pourtant toujours accompagné à la fois. Nous sommes devant un écran et pourtant à l’autre bout du monde (Skype ; Google Earth ; …).

Ceux que l’on considère comme “accro” au monde numérique sont en fait des personnes insatisfaites de leur vie actuelle ou de la réalité commune. Ils se réfugient donc dans une réalité alternative qui les soutient au quotidien et parfois les aident à avancer dans le monde réel. Ces périodes de surconsommation sont donc le plus souvent passagères (notamment à l’adolescence).

De nos jours, on parle d’addiction pour tout et n’importe quoi dès lors qu’il y a exagération sur l’utilisation / la pratique de quelque chose. Ce n’est pourtant pas toujours le terme le plus approprié selon moi.

En revanche, il reste essentiel de rappeler à ces personnes qu’ils s’investissent trop ces objets numériques et que cela peut inquiéter leurs proches. Les inviter à parler de leurs difficultés, de leur manque de confiance ou tout autre chose qui les poussent à ces comportements peut également les aider à délaisser peu à peu leurs “avatars” virtuels.

[Notes de bas de page : https://* https://bv.univ-poitier…]

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